You're my heroe.[with Helena]

Jace était ramené -trainé- jusque chez lui par devinez quoi ? Une chasseuse d'ombre.

Sodom fut amusé. Il regardait son maître se faire trainer dans la boue. Il glapissait et sautait dans tous les sens tout en suivant la jeune humaine aux cheveux de feu.
Il était redevenu une boule de poils, mais il était blanc. Toujours la couleur de l'impuissance. Vivement que son maître retrouve ses pouvoirs, le petit démon n'avait jamais aimé la couleur blanche.
Démon ! Mais non ! Sodom n'était pas un démon ! Au paravent il était un neko ! Vous savez, ces êtres au corps humain mais aux oreilles et à la queue de chat.. Sauf que son ancien maître lui a jeté un sort et l'a ainsi transformé en petite boule de poils. Il a du errer sans but jusqu'à croiser le chemin du beau et ténébreux Seigneur Wayland. Il se lia à lui grâce à un contrat. En échange de la protection de Jace il devait le servir. Plus tard, ils eurent découvert que Sodom pouvait se transformer en mini dragon et en épée. Ils avaient donc décidé de l'appeler Salamander.

Le grand portail rouillé se dressa devant eux. Le petit animal sauta sur une pierre en hauteur, à la hauteur de l'interphone d'ailleurs&fit signe à Helena d'appuyer sur le bouton.
L'eut elle fait que cela grésilla. Un "hm" marmonna du parlophone. Sodom s'esclama alors d'un nyuh. Le portail s'ouvrit immédiatement dans un bruit assourdissant.

Helena marchait toujours à reculons, jetant de temps à autre des coups d'oeil derrière elle pour voir où elle allait. Devant, Sodom courait partout en sautillant tel une petite lueur blanche pour exprimer son enthousiasme. D'ailleurs, il était bien le seul à être empli de joie. La jeune rousse était trempée, malgré son manteau et sa capuche, et gelée jusqu'aux os. Elle allait attraper une sacrée crève... Quant au démon, sa tête dodelinait selon le relief du chemin et - pour une fois - on ne l'entendait pas parler.
Elle n'arrivait toujours pas à croire qu'elle venait de sauver son ennemi alors qu'à peine quelques heures plus tôt elle voulait lui sauter à la gorge. C'était totalement incohérent.
Lorsqu'elle atteignit enfin le grand portail rouillé, Sodom lui fit signe d'appuyer sur le bouton de l'interphone, ce qu'elle s'empressa de faire. L'appareil grésilla.

- Hm ?

- Nyuh !

Les grandes portes de fer s'ouvrirent dans un grincement qui fit froid dans le dos d'Helena. Après avoir traversé un cimetière, ça n'était pas très rassurant... Elle avança dans l'allée pavée en traînant toujours son fardeau. Les jardins étaient magnifiques, faits à la française. Cependant, elle ne s'attarda pas pour les admirer et gravit rapidement les marches du perron pour se mettre à l'abri.
Elle poussa la porte d'entrée déjà ouverte avec son coude et pénétra dans le manoir. Le vestibule était immense, mais presque vide. Il n'y avait que quelques meubles sur lesquels étaient posées des photos, de différentes époques au vu de la qualité.
La Chasseuse baissa les yeux vers Sodom.

- Où est sa chambre ?

Elle regarda autour d'elle : plusieurs couloirs se rejoignaient ici, sans parler du grand escalier de marbre sombre. Sa chambre était sûrement en haut... Helena soupira. Elle avait eu sa dose de marches pour la journée !

Ils avancèrent et traversèrent la cours faite à la française mais certes un peu macabre.
Sur le chemin Jace laissait une trainée de boue qu'un domestique s'empressa de nettoyer.
Enfin ils gravirent les marches perron et entrèrent dans la demeure. Toute de suite Sodom se secoue pour essorer l'eau emprisonnées dans ses poils.

- Où est sa chambre ?

La chambre du maître.. La chambre du maître ! L'animal se précipita dans les couloirs jusqu'à une grande porte ornée de décors anciens en or.
Il attendit qu'Helena ouvre pour y entrer en trombe. Jamais encore il n'avait pu y entrer. Il sauta sur le lit en lâchant plein de petit "nyuh". Tellement content et fou de joie qu'il en oubliant la jeune chasseuse et son maître. Sûr qu'en se réveillant Jace allait lui en foutre une bonne !

Jace gémit. Il ouvrit à moitié les paupières&cligna des yeux avant des les ouvrir complètement. Ou était il ? Il voyait flou.
Il se redressa un peu mais sentit qu'il était retenu par de fines mains. Il releva les yeux vers Helena. Pendant un instant il crut rêver, mais non, l'humaine était bien là.

L'animal noir au pelage encore humide - bien qu'il y ait déjà une flaque d'eau dans l'entrée due au fait qu'il se soit ébroué - s'engouffra à vive allure dans un couloir. Helena le suivit, son fardeau humain - ou plutôt démoniaque - pesant sur ses avant-bras. Elle traversa un long couloir sombre à peine éclairé. Le sol glissait sous ses pieds et elle devait prendre garde à ne pas déraper. Quant elle arriva enfin devant la chambre du maître de maison, ce qu'elle découvrit en se retournant la laissa coite de stupeur. Monsieur avait, en plus de son ego sur-dimensionné, la folie des grandeurs ! La porte était immense - de quoi laisser passer un géant - et ornée de reliefs en or...
Mon dieu.
La jeune femme n'avait foi en aucune religion, ne croyait en aucun dieu, mais elle ne trouvait rien d'autre pour définir ce qu'elle ressentait.
Elle soupira comme si elle souhaitait appuyer sa pensée et actionna la poignée de la porte, dorée elle aussi. Sodom se précipita à l'intérieur et bondit sur le lit avant même qu'Helena n'ait pu esquisser un pas. Avait-il droit de faire ça ? A en voir ses cris de joie, elle en doutait... Cependant, elle n'était pas chez elle, et s'abstint donc de le réprimander pour une faute, qui n'en était peut-être pas une. Après tout, ils venaient de passer plus d'une heure sous la pluie, c'était donc normal qu'il soit heureux d'être chez lui, au sec et bien au chaud.
Elle lâcha doucement son ex-proie, alluma la lampe de chevet et retira ses deux bottes boueuses puis elle grimpa sur le lit et, rattrapant Jace, le hissa sur la douce couverture, certes avec quelques difficultés. C'est alors que le démon émit un gémissement presque inaudible et entrouvrit les paupières, cligna des yeux puis les ouvrit entièrement, laissant la lumière de la lampe de chevet éclairer ses iris dorés. Il tenta de bouger avant de lever les yeux vers Helena qui ne trouva rien de mieux à faire que d'esquisser un petit sourire insolent avant de le lâcher.
Elle était épuisée et de gros cernes noirs contrastaient avec la clarté de ses yeux. Ses cheveux trempés collaient à son front et à ses joues pâles. Ses mains fines étaient glacées. Elle s'assit sur ses talons et se frotta les mains pour les réchauffer un peu. Puis elle reposa son regard sur le démon.

- Ça va mieux ?

La Chasseuse se surprit elle-même en posant cette question... Elle aurait dû prier pour qu'il se sente au plus mal. En fait, elle aurait même dû l'emmener au repère de l'Ordre. Mais elle ne l'avait pas fait... Se souciait-elle un peu trop du bien être de sa proie ?

La jeune chasseuse esquissa un sourire. Un sourire ? Euh...

- Ça va mieux ?

En effet, ça allait mieux. Le démon voyait net et pouvait sentir l'odeur de l'humidité. Mais il voyait le monde bouger .. A moins que ...
Jace se redressa et attrapa Sodom par la peau du cou.

- ... Baka ! Je t'ai déjà dit que tu n'avais pas le droit de venir ici !

Il balancé l'animal qui alla s'écraser contre le mur du couloir. Il émit un gémissement&partit en boitillant.
L'homme blond se laissa retomber sur le lit. Il roula des yeux pour voir Helena.

- Oui, merci.

On aurait dit qu'il remerciait une amie. Cela devient étrange.

Sans répondre à sa question, le démon se redressa violemment. En effet, il avait l'air d'aller mieux... Il saisit Sodom, le petit animal noir, par la peau du cou.

- ... Baka ! Je t'ai déjà dit que tu n'avais pas le droit de venir ici !

Avec une force extraordinaire, il le jeta contre le mur du couloir. L'animal le percuta dans un gémissement de douleur et se releva aussi vite qu'il le put pour s'éloigner en boitillant. Helena resta stupéfaite face à ce geste. Était-ce ainsi qu'il traitait ses proches et ses amis ? La jeune femme eut une moue méprisante, et dégoûtée. Enfin, elle abaissa son regard sur le démon qui s'était laisser aller en arrière sur le lit et qui la regardait.

- Oui, merci.

Elle hocha la tête.

- Tant mieux...

Cette situation commençait vraiment à devenir étrange. Elle se souciait de lui et il la remerciait ? Mais où allaient-ils ? La Chasseuse secoua la tête et descendit du lit, en froissant les draps. Elle prit ses chaussures qui avaient répandu un peu de terre sur le sol et les remit.

- Bon ben, je vais y aller.

Elle se redressa et se tourna vers le jeune homme blond.

- Bon ben, je vais y aller.

En fait il n'avait pas envie qu'elle parte. Il avait envie d'un peu de compagnie. Il se leva et retirer sa chemise pleine de boue. Il constata que ses cheveux .. qu'en fait tout son corps était recouvert de boue. Helena avait du le trainer pour le ramener, ce qui était logique. Le démon pesait dans les 70kg.. Trop lourd pour une humaine. Il soupira.
Il alla à la fenêtre et regarda l'eau dégringoler.

- Il pleut. Tu peux rester si tu veux. Je suis sûr que ma gouvernante a préparé un bon repas.

Il sortit de la pièce et appela Gilbert, son domestique le plus fidèle. C'était un elfe de maison qu'il a recueilli il y a déjà quelques années.

- Gilbert, demande à l'équipe de nettoyage de préparer la chambre rouge s'il te plait. La blanche est inutilisable. Et prépare également la verte pour Helena.

Chambre blanche, rouge et verte.. Mais qu'est ce que cela signifiait ? Eh bien les draps, les murs et les meubles de ces chambres étaient soit blancs, soit rouges, soit verts. Mais en parfaite harmonie. ça rendait les choses assez romantiques. Et en plus de ça les lits étaient des lits à baldaquins.

Sans répondre ni même la regarder le jeune blond retira sa chemise tachée de boue. Son dos musclé luisait à cause de l'eau qui avait traversé le tissu. Il soupira et se dirigea vers la fenêtre, scrutant l'extérieur. Helena le suivit des yeux comme si elle attendait quelque chose de sa part - un au revoir peut-être ? Elle observa les gouttes de pluie s'écraser contre le carreau et dévaler tout le long de celui-ci jusqu'à ce qu'elles atteignent le rebord et qu'ensuite elles aillent se perdre dans les murs de pierre... Au dehors, la lune était voilée par de gros nuages noirs et l'on n'en voyait qu'un léger halo laiteux. Que le ciel pleurait-il ?

- Il pleut. Tu peux rester si tu veux. Je suis sûr que ma gouvernante a préparé un bon repas.

Un bon repas chaud... Tout ce que la jeune femme aurait désiré avoir dans l'immédiat. Pourtant, elle devait rentrer chez elle. Ce n'était qu'une fois là-bas qu'elle pourrait se laver, se changer, se restaurer, et se coucher. Manger avec son ennemi était tout bonnement impensable et elle se demanda comment une telle idée avait pu lui venir à l'esprit.
Avant qu'elle ne puisse rejeter sa proposition, le démon sortit de la pièce et elle l'entendit appeler quelqu'un. Helena perçut de petits bruits de pas mais, de là où elle était, seule la silhouette de Jace qui se découpait dans l'embrasure de la porte lui parvenait à la rétine.

- Gilbert, demande à l'équipe de nettoyage de préparer la chambre rouge s'il te plait. La blanche est inutilisable. Et prépare également la verte pour Helena.

Bon eh bien, elle n'avait vraisemblablement plus à faire de choix. Elle fronça les sourcils, mais plus pour la forme que par réel mécontentement. Être au chaud le plus rapidement possible avait un aspect particulièrement attrayant cette nuit-là.
Quant à Gilbert, Helena ne se souvenait pas avoir entendu parler d'une quelconque personne de ce nom travaillant au service de Jace Wayland. Afin de visualiser l'inconnu, elle s'approcha du maître de maison et pencha la tête sur le côté. Devant lui se tenait un petit être à la peau grisâtre, aux longues oreilles et au crâne dégarni mais agrémenté de petites rides soucieuses. La jeune femme reconnut aussitôt un elfe de maison. On disait d'eux qu'ils étaient soit totalement associables, soit adorables, mais que, dans tous les cas, il restait fidèle à leur maître jusqu'à la mort.
La chambre verte... Sûrement tenait-elle son nom du fait que ses meubles étaient en grande partie verts. Sur cette judicieuse réflexion, le ventre de la jeune femme ne se gêna pas pour lui rappeler ce qui importait plus que tout dans l'instant présent et se mit à gargouiller. Charmant... Elle afficha une moue gênée durant quelques instants sans oser demander s'ils pouvaient passer à table. Elle mourait de faim.

Jace dégoulinait encore.

- Je vais me laver.

Il se dirigea alors dans la salle de bain. Très luxueuse, on se croirait à Athène. La baignoire était grande et en marbre blanc.
Il sautilla pour enlever ses chaussures puis ses chaussettes et retira avec précaution son jean noir pour ne pas trop tacher le sol et l'envoya dans la corbeille à linge. En levant une jambe puis l'autre il passa dans le bassin déjà rempli d'eau chaud.
Il s'y plongea jusqu'à la nuque et rejeta la tête en arrière pour fermer les yeux. Il se détendit.

Pendant ce temps..

Gilbert considéra la jeune rousse avec dédain. Certes il était un elfe de maison avec sa fierté mais tout de même, d'ou elle aurait le droit de le toiser ?

- Que regardes tu petite effrontée ?

Gilbert avait une voix rugueuse.

- Je vais me laver.

Jace avait apparemment décidé qu'ils ne mangeraient pas maintenant. Il se dirigea vers une porte et y entra. Le cliquetis du verrou se fit entendre. Elle jeta un coup d'oeil à l'elfe de maison puis décida que, pour s'occuper elle allait visiter un peu le manoir. Peut-être en apprendrait-elle un peu plus sur sa proie ? Alors que la jeune femme engageait sa jambe en avant, une voix rocailleuse lui fit hausser un sourcil.

- Que regardes-tu petite effrontée ?

Prise au dépourvu par cette question inattendue, Helena bégaya un peu.

- Eh bien, je, euh... Rien. J'allais visiter le manoir.

Le petit être la toisait avec dédain, ses petits yeux plissés méchamment. La jeune chasseuse décida de l'ignorer et le contourna pour traverser le couloir. De toute façon, il ne pourrait pas grand-chose contre elle. Il était si petit !
Sur chaque côté une multitude de portes s'alignaient. Intriguée par l'une d'elles, dont la peinture s'écaillait et le bois commençait à se fendiller à sa base, Helena s'approcha et posa sa main sur la poignée rouillée pour essayer de l'ouvrir. Elle se fichait bien de ce que l'elfe dirait : elle sentait que cette pièce recelait quelque chose d'important, quelque chose de précieux.
La porte s'ouvrit dans un grincement sinistre. Tout était sombre et noir. La jeune femme posa sa main sur le mur de droite et le tâta jusqu'à trouver l'interrupteur sur lequel elle appuya.

- Eh bien, je, euh... Rien. J'allais visiter le manoir.

L'elfe marmonna et la suivit. Elle était bien trop curieuse. Tellement qu'elle en ouvrit la chambre interdit. Il s'apprêta à dire quelque chose mais songea qu'elle se ferait bannir du Wayland Manor. L'elfe n'aimait pas que Jace reçoive des filles. Même Arwen Neasden.
Il vit de la lumière dans la pièce, il s'approcha et regarda, caché.
La pièce était grande et en bazar.. Gilbert n'avait jamais vu ça ! La pièce était remplie de portraits de Jace Wayland signés Pablo Picasso, Vincent Van Gogh.. Et des partitions encadrées dont le titre varie signées Mozart, Beethoven, Ravel... Tous les plus grands artistes français, américains, britanniques ont dédié une de leurs oeuvres à son maitre !
Les murs étaient décorés d'étagères... couvertes de livres et bibelots. C'était impression, il y avait la version intégrale des Misérables de Victor Hugo, tous les livres de l'auteur Ray Bradbury et même des albums photos, des caricatures de rois, princes, magistrats..
Mais au fond.. Il y avait une vitrine. Et dans cette vitrine était exposé un gros livre dont des papiers dépassaient. La devanture était apparemment fermée à clé.

Wayland se prélassait dans son bain mais le bout de ses doigts devint rose et fripé, il comprit qu'il était temps de sortir. Il s'entreprit à bien se rincer puis à prendre une serviette et en enfin sortir. Il s'entoura de sa serviette et se sécha vite fait.
Il prit un autre tissu qu'il attacha autour de sa taille et sorti de la salle de bain. Il voulait savoir où était sa belle invitée.
Lorsqu'il vit la porte de la chambre défendue ouverte et de la lumière émanant de celle ci plus le sale petit elfe collé dans l'encadrement il se mit dans une colère .. Noire.
Il s'y dirigea à pas ferme.

- Sale petit morveux d'elfe..

Il l'injuria de tous les noms possibles.

La lumière de l'ampoule électrique embrasa la pièce. Helena ouvrit de grands yeux devant le spectacle qui s'offrait à elle. Un véritable bazar régnait dans la grande pièce mais elle était remplie de tableaux aux mensurations impressionnantes où était représenté Jace Wayland à travers diverses époques. Lebrun, Gérôme, Picasso, Van Gogh, Monet... Aux murs étaient encadrées des partitions de musiques. Peut-être du Mozart, du Bach, du Beethoven ? De grandes étagères contenaient toutes sortes de volumes - dont des versions intégrales - aux couleurs passées et de vieux bibelots, certains en porcelaine.
Cependant, ce qui attira le plus Helena fut cette vitrine, dans le fond. Elle s'en approcha et resta bouche-bée. Elle contenait un livre énorme dont divers papiers et notes dépassaient.

- Qu'est-ce que c'est que ça...? murmura-t-elle pour elle-même.

Alors qu'elle tendait une main pour tenter de soulever la vitre de verre, elle entendit une voix outragée suivit d'un chapelet de jurons. Son coeur se mit à battre à une vitesse folle. Le démon était là, furieux contre l'elfe - qui n'y était pour rien -, et elle ne pouvait pas sortir sans qu'il la voie. Elle était piégée, faite comme un rat.
Lentement, elle se tourna vers la porte. Le pauvre elfe apeuré se recroquevillait sur lui-même, appuyé contre l'encadrement. Durant un instant, la jolie rousse éprouva de la pitié pour lui. Un sentiment qui la conduisit à faire un pas en avant. Puisqu'elle ne pouvait y échapper, autant être honnête, aller droit au but et ainsi disculper Gilbert.

- Ce n'est pas sa faute. C'est moi qui ai ouvert la porte et qui suis entrée. Je voulais voir ce qu'il y avait à l'intérieur.

Et si tu veux que personne n'entre, tu n'as qu'à fermer à clé, se dit-elle, méprisante. Mais elle se retint de lui en faire la remarque ; elle n'avait pas vraiment envie de retourner dans le froid et sous la pluie.

Alors qu'il se querellait avec l'elfe son invitée et son ennemie s'avança.

- Ce n'est pas sa faute. C'est moi qui ai ouvert la porte et qui suis entrée. Je voulais voir ce qu'il y avait à l'intérieur.

Pourtant la porte était fermée par un maléfice. Il la fixa.

- Cette porte est protégée par un maléfice. Seul quelqu'un ayant le devoir de connaître quelque chose peut entrer.. Et moi.

Personne depuis qu'il avait cette pièce n'avait pu y entrer. Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé. Mais cela conduit à la mort.
Il soupira. Les pointes de ses cheveux n'étaient pas encore sèches et des gouttelettes tombaient sur le sol. Il secoua sa tignasse et la regarda.

- Sors, s'il te plait. Le diner est prêt.

- Cette porte est protégée par un maléfice. Seul quelqu'un ayant le devoir de connaître quelque chose peut entrer... Et moi.

Helena arqua un sourcil interrogateur. De quoi parlait-il ? La porte s'était ouverte sans aucune résistance !

- Quelqu'un ayant le devoir de connaître quelque chose ? répéta-t-elle.

Le devoir de connaître quoi ? A quel sujet ? Sur qui ? Était-elle cette personne ? Les questions se bousculaient dans sa tête tandis que le démon aux yeux d'or l'observait sans rien ajouter.
Elle posa son regard inquisiteur sur lui, mais il se contenta de soupirer et de secouer la tête, propageant quelques gouttelettes d'eau avec ses cheveux encore mouillés. La jeune femme se surprit à éprouver une pointe d'envie. Il était si beau comme ça...

- Sors, s'il te plait. Le diner est prêt.

Elle cligna des yeux et se ressaisit. A quoi songeait-elle ? Cela n'arriverait jamais, même pas en rêve. Encore un peu perdue, elle hocha la tête et sortit de la pièce en refermant la porte derrière elle. Elle aurait tout le temps de le questionner sur ce mystérieux livre durant le repas.

- Où est la salle à manger ?

Lorsqu'elle eut la réponse à sa question, elle s'éloigna en direction de la salle. Arrivée là-bas, elle regarda autour d'elle. C'était grand, trop grand. Elle se sentait minuscule... Elle passa une main nerveuse dans ses cheveux. En fait, ce manoir n'avait rien de rassurant.

- Où est la salle à manger ?

Le démon lui indiqua et la suivit. Au passage il prit un peignoir en soie blanche qu'il entreprit de se passer par dessus les épaules et noua le lien à la taille. Arrivé à la salle à manger, grande salle qui ressemblait à la grande salle à manger d'un roi, il s'installa au bout de la grande table.

La jeune femme installée à côté de Jace toisa Helena.

- Nous avons une invitée ?

- Oui. Helena, voici Arwen Neasden, ma meilleure amie. Arwen, Helena Soaben.

Arwen sourit et l'invita à s'asseoir à côté d'elle. Bien sûr elle savait qui était l'invitée surprise, mais elle était certaine que Jace savait ce qu'il faisait. Elle engagea donc la conversation. Jace prit part, mais en recul. Comme d'habitude.

Le démon, enveloppé dans un grand peignoir de soie blanche, s'installa au bout de la grande table de la salle à manger. A sa gauche, une jeune femme blonde était assise. Elle avait de joli yeux bleus, un petit nez droit et des lèvres fines. Elle semblait bien fragile à côté de Jace. Pourtant, elle dévisagea Helena d'un regard assuré.

- Nous avons une invitée ?

En exécutant les gestes de coutume, le jeune homme les présenta.

- Oui. Helena, voici Arwen Neasden, ma meilleure amie. Arwen, Helena Soaben.

La jeune rousse hocha doucement la tête, songeuse, tandis qu'Arwen lui adressait un sourire amical et tendait la main vers la chaise qui se trouvait près d'elle comme pour l'inviter à s'asseoir. Helena la tira et s'assit.
Sa meilleure amie ? Et que serait-il prêt à faire pour elle ? Cette jeune femme pouvait-elle être l'élément de résolution de cette traque ? La Chasseuse rangea cette information dans un coin de sa tête ; elle y réfléchirait plus tard. Pour le moment, elle n'avait qu'à répondre à la jeune blonde avec tout le tact dont elle était capable. Elle apprit ainsi qu'elle était humaine et qu'elle travaillait pour Heisuke Stendorth, le roi des démons.
Tiens, intéressant...
La conversation entre les deux femmes se poursuivit, parfois interrompue par les brèves remarques de leur hôte. Wayland n'était pas très bavard.
Alors qu'on leur apportait l'entrée, Helena se tourna vers Jace.

- Au fait, ce livre, qu'est-ce que c'est ?

Les chances qu'elle avait d'obtenir une réponse concrète étaient minces. Mais qui ne tente rien n'a rien, n'est-ce pas ? Elle voulait éclaircir le mystère qui entourait ce vieux livre qui tombait en lambeaux... Et la pièce où il reposait.

Ils papotèrent jusqu'à l'arrivée de l'entrée. C'était de la salade accompagnée de tomate, mozzarella, thon et oeuf dur. Arwen était végétarienne, Jace faisait donc son possible pour que la jeune humaine puisse manger à sa faim. Il l'avait toujours fait jusqu'à présent, il avait pris soin d'elle comme d'une petite soeur. Mais il savait que bientot il lui faudra la quitter. Elle vieillira mais pas lui. Il ne supporterait pas ça. Il soupira. Il regarda les deux femmes parler. Ce que c'est bavard une femme. ça a toujours quelque chose à dire. Arwen apprit à Helena qu'elle était humaine et au service de Stendorth.. Il espéra qu'elle oublie cette information et surtout qu'elle ne se serve pas de la belle blonde pour l'atteindre... Perdu dans ses pensées il entendit à peine son invitée lui posant une question.

- Au fait, ce livre, qu'est-ce que c'est ?

Le livre ? Ah, oui. Le livre de la chambre interdite. Si elle savait, haha.

- Les mystères de la vie.

C'était en partie vrai, il n'allait tout de même pas lui dire qu'il faisait des recherches sur les réincarnations. Il resoupira et se mit à manger. Il avait faim.

Jace posa son regard sur elle.

- Les mystères de la vie.

- Quelle réponse précise... fit-elle sur un ton sarcastique.

Ce que la jeune femme pouvait avoir en horreur que l'on lui répondît de manière évasive... Elle baissa les yeux sur son assiette. Celle-ci été garnie de salade verte, de tomate, de mozzarella, de thon et de morceaux d'oeufs durs. Helena n'aimait pas vraiment la salade, mais elle appréciait le reste.
Elle se souvenait d'un soir d'été, dehors, sur la terrasse. Comme il avait fait très chaud, sa mère avait préparé de la salade verte et quelques tomates du jardin. Quand la jeune femme avait servi sa fille, celle-ci s'était écriée : « Oh non ! Pas de la salade ! » « Et pourquoi donc ? » avait rétorqué la femme. « Mais parce que c'est pour les lapins, maman, tu le sais bien ! ». Sa mère avait éclaté de rire mais l'avait tout de même forcée à avaler une feuille verte et croquante. Tout ça remontait à si loin... A l'époque, son père venait encore les voir. En fait, ces souvenirs étaient tellement lointains que la jeune fille avait du mal à se rappeler les traits de ses parents. Sa mère était belle, et son père élégant. Mais ensuite ?
Elle soupira et piqua un morceau de tomate avec sa fourchette. Quand le goût du fruit se répandit dans sa bouche, l'appétit lui revint aussitôt. Toutefois, elle laissa la salade de côté. Plus personne n'était là pour la lui faire manger contre son gré désormais... Pourquoi ? Ça aussi, c'était un mystère de la vie...
La chasseuse d'ombres jeta un coup d'oeil à Jace et Arwen qui mangeaient en silence. Depuis combien de temps se connaissaient-ils ? Pourquoi Jace ne l'avait-il pas tuée lorsqu'il l'avait rencontrée ? Qu'avait-elle de si particulier pour qu'il veuille la garder auprès de lui ? Pour qu'elle devienne sa meilleure amie ? N'était-il pas aussi monstrueux qu'on le prétendait...?

- Comment vous êtes-vous connus ?

Le diner se déroulait à merveille et leur assiette fut bientot vide.

- Comment vous êtes-vous connus ?

Hm, il se rappellera toujours de cette nuit sombre et pluvieuse lorsqu'il avait entendu un cri aigu. Une jeune femme, blond, enfin une adolescente, était tombée dans l'eau, en sang. Elle criait à l'aide. Jace était alors descendu pour abréger ses souffrances.. Mais il vit son visage, ses yeux.. Des yeux tels l'océan. Il s'était écroulé, à genoux, devant elle. Il porta sa main à son visage et murmura « Tu es .. Magnifique. » Dès lors il l'a prise sous son aile. Il avait réussi a gagner sa confiance et maintenant elle était devenue sa meilleure amie.

- Il m'a sauvée, quand j'avais 17 ans.

La voix de la belle et douce Arwen portait bien. Elle répondit à la place du démon alors il se contenta d'approuver d'un signe de tête.
Il regarda Helena. Le fait que Jace ait sauvé une humaine est un peu bizarre. La jeune rouquine doit se poser des questions.

- Il m'a sauvée, quand j'avais 17 ans.

- Sauvée ?

Jace approuva d'un signe de tête. Helena le voyait mal venir en aide à une humaine et sa voix trahissait la surprise. Elle plissa les yeux. C'était vraiment étrange... Elle tourna la tête vers le démon et haussa un sourcil, scrutant son regard doré. Quel genre de sentiments nourrissait-il vis à vis de la jeune humaine ? De l'amour ? Une fois de plus, elle se demanda de quelle manière elle pourrait exploiter leur amitié de sorte qu'elle devienne un inconvénient pour l'opast mais un atout pour elle.
La jeune chasseuse reporta son regard sur Arwen.

- Et il ne t'a pas tuée ? C'est... surprenant. Pourquoi ?

Jamais elle n'avait été aussi indiscrète. Elle en fut un peu gênée puis se dit que c'était son boulot et qu'elle devait tirer profit de chaque situation... Helena attrapa une mèche rousse et la tritura entre son index et son majeur dans un geste nerveux, son regard allant de Jace à Arwen tandis qu'elle feignait d'être calme et sereine.

- Et il ne t'a pas tuée ? C'est... surprenant. Pourquoi ?

Le démon avait redouté cette question. Il jeta un coup d'oeil à Arwen qui haussa les épaules. Elle n'avait pas l'air surprise.
Pourquoi ne l'avait il pas tuée ? Simplement parce qu'elle était la réincarnation d'Enelya Wayland. Sa mère biologique.. Il avait déjà essayé de mettre la main sur Nihal, une autre de ses réincarnations, mais Heisuke a été plus rapide.

- Hm. Je ne sais pas pourquoi. Sans doute que je savais qu'elle allait devenir ma meilleure amie.

On apporta le plat chaud. Lasagnes bolognaises. C'était le plat préférée de son humaine adorée, il avait donc décidé de lui faire plaisir.
Il regarda la chasseuse. Elle était belle avec ses cheveux de feu.

Jace jeta un coup d'oeil à sa meilleure amie, l'air embêté. Pour toute réponse, elle haussa les épaules. Cette question ne lui semblait donc pas incongrue ? Quoi qu'il en soit, Helena sentait que tous les deux étaient réticents à lui répondre. Ou au moins Jace, puisqu'il était possible qu'Arwen ne sache même pas pourquoi il l'avait accueillie.

- Hm. Je ne sais pas pourquoi. Sans doute que je savais qu'elle allait devenir ma meilleure amie.

La chasseuse laissa échapper un petit rire sardonique.

- Ah, parce que monsieur est devin peut-être ? Tu sais, me mentir ne sert à rien. Je sais très bien que tu l'as fait parce qu'il pouvait en résulter un quelconque intérêt pour toi.

En tant que démon, ou bien tout simplement en tant que Jace Wayland, tout ce qu'il faisait, il le faisait parce qu'il y voyait un avantage pour lui, elle le savait. Helena jeta un furtif regard à Arwen pour voir l'expression qui se peignait sur son visage. Croyait-elle à la véracité de l'amitié que Jace daignait lui montrer ou bien avait-elle déjà eu des doutes à ce sujet ?
Une porte grinça et la jeune femme vit entrer un homme d'un certain âge, un plateau à la main. Il le posa sur la table puis s'inclina devant son maître en marmonnant un « bon appétit, sire » avant de sortir par la même porte. Le plat fumant contenait des lasagnes à la bolognaise. Le dessus gratiné était doré et une odeur de tomate cuite et de fromage vint s'infiltrer dans les narines de la chasseuse. Elle repoussa la mèche de cheveux - désormais sèche - qu'elle tenait derrière son oreille et se pencha un peu en avant.
Comme elle sentait un regard peser sur elle, elle releva la tête et ses yeux croisèrent ceux du démon, qui l'observaient. Elle les scruta un à un, mais l'expression de son regard était indéchiffrable. A quoi songeait-il ? Peut-être cherchait-il un moyen de la faire sortir d'ici au plus vite ? Elle sourit à cette idée. Il est vrai qu'elle n'avait pas été toujours très polie et qu'elle s'était montrée bien curieuse. Et puis, la pluie avait cessé.

- Ah, parce que monsieur est devin peut-être ? Tu sais, me mentir ne sert à rien. Je sais très bien que tu l'as fait parce qu'il pouvait en résulter un quelconque intérêt pour toi.

Le démon réprima un grognement.

- Est il vraiment inconcevable que je puisse m'attacher à quelqu'un ?

Arwen ne dit point un mot. Pour elle Jace était comme son grand frère.. Il était son sauveur. Sans lui elle serait morte, sans lui elle aurait pu refinir dans une cave pleine d'araignées..

Il soupira et engloutit son assiette.

- Et toi ? N'as tu pas de meilleur/e ami/e ?

Il sourit.

- Est-il vraiment inconcevable que je puisse m'attacher à quelqu'un ?

Oui, ça l'était. Helena n'eut pas besoin de répondre pour que tous ici devinent ce qu'elle pensait. Son regard, son attitude et son haussement de sourcils en disaient assez long. Elle n'imaginait pas le démon saisir quelqu'un dans ses bras, rire avec lui, ni même discuter calmement, parler de tout et de rien. Pour elle, cet homme était un être solitaire bien loin de connaître des sentiments totalement humains. L'amitié, l'amour... Dans la tête de la jeune femme, il en avait entendu parler, certes, mais il s'en moquait comme de l'an quarante et se demandait bien pourquoi les gens s'abaissaient à de telles émotions...
Le démon soupira et entama le plat encore brûlant. La jeune femme, elle, préféra découper des morceaux et les écarter les uns des autres afin que les lasagnes refroidissent plus vite.

- Et toi ? N'as-tu pas de meilleur(e) ami(e) ? rétorqua-t-il avec un sourire qu'Helena aurait eu plaisir à lui faire ravaler.

Un meilleur ami, une meilleure amie... En avait-elle seulement eu un jour ? Quelqu'un sur qui elle pouvait toujours compter, à qui elle pouvait tout dire et tout avouer ? Elle se creusa la mémoire, repassant en revue une foule de souvenirs. Elle avait bien connu une fille à l'école, autrefois. Elle était très gentille, et les deux enfants s'entendaient très bien. Malheureusement, Helena avait rejoint l'Ordre et avait poursuivi ses études depuis le CP jusqu'à la terminale dans le Repère, avec les autres Chasseurs. La plupart d'entre eux venait de très loin et ne parlait quasiment pas. Pour l'autre grande majorité, ils ne lui avaient adressé la parole que lors de rares occasions, parce qu'ils la jalousaient : elle était l'élève de Synh, leur chef. Quant à la petite minorité qui lui avait parlé et avec qui elle avait joué dans la forêt ou au bord du lac, elle avait noué des liens d'amitiés, c'était vrai, mais rien de bien sérieux. Hormis, son maître, nul n'avait connaissance de son enfance passée avec ses parents. Son maître, Synh... Elle l'appréciait beaucoup, mais ne le considérait pas vraiment comme un ami. Il était un peu comme un second père.
En conclusion, non, elle n'avait pas de meilleur ami. Seulement des " copains " et des " copines ", peut-être un ou deux amis.

- Non, je n'en ai pas. Mais je n'ai pas besoin de ça pour vivre.

Ce qui peut-être était faux. Étant adolescente, elle avait souvent souhaité avoir quelqu'un à qui se confier, avec qui elle pourrait parler du fardeau qui pesait sur ses épaules. Quelqu'un qui puisse la conseiller dans les choix à prendre, lui éviter de commettre des erreurs. Mais il n'y avait eu personne pour ça, et elle avait grandi seule.

- Non, je n'en ai pas. Mais je n'ai pas besoin de ça pour vivre.

Elle avait tord. Même si Jace en partie était ami avec Arwen pour ses recherches il appréciait la compagnie de la jeune humaine. Ensemble ils avaient passé beaucoup de bons moments, comme la fois où ils ont fêté ses 21 ans à la fête foraine. Ils avaient pris une grosse barbe à papa et l'avaient engloutie en deux temps trois mouvements. Ils avaient bien ri. Et puis quand la jeune femme est triste le démon éprouvait le besoin de la consoler et vise versa.

- Tu as tord.

Arwen haussa un sourcil et releva son regard lapis-lazzuli vers son ami.
Oui, elle avait tord et il l'affirmerait. Il aimait sentir les mains de l'humaine sur ses jours quand elle essayait de le rendre moins têtu. Elles étaient chaudes et réconfortante.
Sentant qu'on l'observait il releva les yeux de son assiette. Il regarda les deux femmes.

- Quoi ?

Son ton était dur, il détestait qu'on le prenne en moment de mélancolie. Jamais il n'avait eu d'ami, sauf Mlle Neasden. C'était pour lui une expérience inoubliable.

Aussitôt eut-elle prononcé cette phrase regrettable que le démon lui rétorqua qu'elle avait tort, confirmant ainsi ses doutes. Mais le pire, c'est que l'affirmation du jeune blond la toucha, la vexa. Elle aurait pourtant dû passer outre et l'ignorer. Qu'est-ce qu'un être tel que lui pouvait-il connaître à l'amitié ? Se croyait-il tout permis et omniscient parce qu'il avait pour seule amie une humaine ? Quelqu'un qui allait mourir alors qu'il vivrait des centaines, voire des milliers d'années de plus ? Qui, par sa mort, deviendrait une icône de souffrance à ses yeux ? Cet homme ne connaissait rien à la vie, à son caractère éphémère. Par conséquent, une amitié ne pouvait pas avoir la même équivalence pour lui, immortel, que pour un mortel.
Helena fronça les sourcils et fixa son regard d'un superbe bleu profond sur l'opast. Et cela jusqu'à ce qu'il se sente observé et qu'il relève les yeux.

- Quoi ? lança-t-il d'un ton sec.

La jeune femme serra les poings sur la table et ses yeux clairs s'assombrirent.

- De quel droit est-ce que tu me juges ? Que sais-tu de moi ? Rien ! Si je te dis que je n'en ai pas besoin, c'est parce que c'est le cas. Tu ne connais pas le mode de vie des chasseurs d'ombres, tu ne connais pas nos besoins, ni nos envies. Tu ne sais ni ce que je suis, ni qui je suis, ni ce que je souhaite. Alors tais-toi et arrête de me dire que j'ai tort, arrête de me juger.

Peut-être que cette réaction parut trop exagérée, trop exubérante. Mais son coeur blessé avait éprouvé le besoin de déverser une part de son venin. Déjà habituellement, Helena n'appréciait pas qu'on lui dise qu'elle avait tort. Elle n'aimait pas paraître fragile ou indécise aux yeux des autres. Et à cet instant, le jeune homme venait de lui dire qu'elle avait tort de prétendre qu'elle n'avait pas besoin de quelqu'un pour la soutenir, et donc de dire implicitement qu'elle était faible...
Elle sentit ses mains trembler alors elle resserra un peu plus les poings. Cet homme l'insupportait tant qu'elle avait envie de se lever, de déserter la table et d'aller s'enfermer quelque part dans le manoir. Elle ne prendrait pas le risque de partir pour rentrer chez elle. C'était loin, et puis, si jamais Jace la suivait... Enfin, il savait sûrement où les Chasseurs se cachaient.

Tout d'un coup la jeune rouquine serra les poings sur la table et regarda son hôte d'un regard noir.

- De quel droit est-ce que tu me juges ? Que sais-tu de moi ? Rien ! Si je te dis que je n'en ai pas besoin, c'est parce que c'est le cas. Tu ne connais pas le mode de vie des chasseurs d'ombres, tu ne connais pas nos besoins, ni nos envies. Tu ne sais ni ce que je suis, ni qui je suis, ni ce que je souhaite. Alors tais-toi et arrête de me dire que j'ai tort, arrête de me juger.

Arwen prit peur, alors elle s'en alla. Simplement. Elle n'aimait pas voir Jace en colère et craignait le pire. Pourtant.
Il ne la jugeait pas. Et il ne disait même pas ça pour elle, en fait. Mais pour lui. ça lui faisait du bien d'avoir une amie sur qui il pouvait s'épauler. Alors il se leva et approcha d'Helena. Doucement, hésitant, il la prit dans ses bras.
Il avait envie de la réconforter.

- Helena. Je ne t'ai pas jugé. Et je sais que tu fais ça pour te venger des démons.

Il soupira; il était éprit d'un sentiment qui lui avait été inconnu jusqu'à présent et les mots sortaient tout seuls de sa bouche.

- Je veux apprendre à te connaître. S'il te plait.

Il la suppliait presque, c'était vrai, il voulait connaître cette jeune femme au coeur fermé à clé. Il voulait en avoir un double afin d'y pénétrer et d'y enlever tout le mal qui y est enfermé. Il voulait l'aider la soutenir, l'épauler. Il l'aimait. Non !
Il la lacha et gronda en reculant; une main sur sa tempe.

- Qu'est ce que tu m'as fait ?!

Il ne comprenait plus ce qui lui arrivait ! Qu'est ce qui lui avait pris de dire ça ? D'agir ainsi ?
Il se laissa tomba sur la chaise en secouant la tête. Une larme versa.

Elle sentait la haine monter en elle, affluer dans ses veines, se propager dans tout son corps jusqu'à ce que l'oppressant sentiment atteigne le point central, l'ultime zone à conquérir : son coeur. Ce fut alors le tonneau de poudre qui déclenche l'explosion, la brindille d'herbe sèche qui met le feu à toute la forêt. Ses tremblements s'accentuèrent, et elle serra les dents.
Du coin de l'oeil, Helena aperçut la jeune Arwen se lever et quitter la table. Son visage exprimait l'angoisse, la crainte. Redoutait-elle la colère du démon ? Cette dernière n'était même pas dirigée contre elle. Jamais Wayland ne lui n'oserait lui faire du mal. Alors pourquoi partait-elle cette poltronne, cette pauvre...
Soudain le démon se leva, la jeune femme crut à un accès de colère et bondit de sa chaise qui grinça contre le sol tout de marbre fait. Pourtant, le visage du jeune homme n'exprimait ni rage ni mépris. Il s'approcha et la femme à la chevelure de flammes aperçut une lueur d'hésitation dans son regard avant qu'il ne fasse ce à quoi elle ne s'attendait absolument pas. Doucement, presque délicatement, il la prit dans ses bras comme on enlace une enfant chagrinée ou que l'on serre une amie de longue date. Jamais elle n'aurait cru cet être capable d'autant de douceur...

- Helena. Je ne t'ai pas jugé. Et je sais que tu fais ça pour te venger des démons.

Elle se crispa ; ses ongles laisseraient des traces de leur passage dans ses paumes. Les démons... Elle les tuerait tous, tous ceux qu'elle pourrait. Ils n'étaient que des montres, des horreurs de la nature ! Ils lui avaient pris tout ce qu'elle avait, tout ce qu'elle aurait pu avoir !

- Non ! Tu ne sais rien ! Tu ne me connais pas !

La voix de la jeune femme, pleine de hargne, d'amertume et de douleur, contrastait avec celle du démon qui s'était faite pareille à celle d'un ange... Calme, compréhensive.
Elle était au bord des larmes, elle ne savait plus ce qu'elle faisait. Elle voulait partir. Le démon soupira, et elle sentit son souffle sur sa joue.

- Je veux apprendre à te connaître. S'il te plait.

C'était presque une supplique... Elle sentait la sincérité sonner comme une note de musique légère - et pourtant c'était un sentiment qui se voulait sérieux, grave - dans sa voix. Quelqu'un avait-il jamais souhaité la connaître simplement par envie ? Quelqu'un avait-il jamais voulu la réconforter quand rien n'allait ? Quelqu'un avait-il jamais fait attention à elle, à ce qu'elle pouvait ressentir ? A toute cette frustration accumulée par des années de soif de vengeance ?
Durant un bref instant, Helena faillit se blottir contre le torse chaud de Jace et accepter sa requête, pour être à son tour enveloppé dans le tissu soyeux de la robe de chambre.
Sans même s'en rendre compte, elle avait agrippé une des manches et la serrait entre ses doigts fins. Elle allait lui donner son accord, lui dire oui, quand soudain, il la lâcha, se dégagea et recula en posant une main sur sa tempe. Stupéfaite, elle entendit à peine le grondement qui s'échappa de la gorge du jeune homme.

- Qu'est ce que tu m'as fait ?!

Il se laissa choir dans sa chaise. Il semblait désemparé, surpris de sa propre compassion. Helena ne savait pas quoi lui répondre. Elle n'avait rien fait... Ses lèvres qui s'étaient entrouvertes se pincèrent de façon à ce que sa bouche ne semble être plus qu'un trait noir, et elle dut cligner plusieurs fois des paupières pour éviter de laisser des larmes s'échapper. Ce qui ne fut pas le cas de Jace. La jeune femme eut amplement le temps de voir une petite goutte rouler le long de la joue du démon, laissant derrière elle une traînée humide, et rejoindre son menton avant de s'évaporer goutte à goutte.
Elle souffla par le nez, comme un petit hoquet, puis s'enfuit à toutes jambes dans le long couloir avant d'ouvrir une porte au hasard, d'y entrer et de la refermer derrière elle avec un claquement sonore. Elle s'adossa au bois vernis et se laissa glisser jusqu'au sol carrelé et froid. Elle avait honte et avait l'impression de n'être qu'une enfant.
Elle allait se calmer, sécher les larmes qui baignaient ses joues et repartir la tête haute, bravant les regards et ignorant la douleur.

Il était tellement désemparé que le démon n'entendit pas la jeune femme partir. Ou avait elle pu aller ? Le manoir est immense mais quoiqu'il en soit elle ne pourra pas partir sans sa permission. Il se mit alors à sa recherche. Ce sentiment qui lui était inconnu mais agréable revenait à la charge.

- Helena ? Helena !

Il s'évertuait à crier son nom et à ouvrir toutes les portes possible. On aurait dit qu'il jouait à cache cache comme les gamins. Remarque, Arwen disait parfois qu'il était encore un peu gamin avec ses cheveux en bataille et son sourire en coin. Il sourit à ce souvenir. Et en parlant du loup, la jeune humaine qui dormait chez lui ce soir courait entre la salle de bain et sa chambre en chemise de nuit.

- Arwen.

Elle s'arrêta.

- As tu vu Helena ?

La jeune femme le toisa et posa une main sur sa hanche, sûre d'elle.

- Ecoute Jace, une femme ça a besoin d'intimité, de distance, de ..

Et elle énuméra comme ça tout plein de mots qui n'intéressaient pas Wayland.

- Elle a besoin d'un espace vital quoi !

- Merci Arwen.. Ou est elle ?

Elle soupira, elle savait que ça ne servait à rien de parler avec lui. Elle lui indiqua donc la porte.
Elle s'y posta devant et toqua.

Inspirer, expirer... Se calmer, se reprendre. La jeune femme rousse prit son visage dans ses mains et les laissa glisser le long de ses joues, permit à ses doigts de s'entremêler dans ses mèches rousses. Elle fixait posément le sol blanc de la salle de bains. Pourquoi pleurait-elle ? Elle ne le savait même plus... Pourtant, la réponse était simple ; elle était blessée que quelqu'un la rejette encore. Même si cette personne n'était qu'un démon, c'était vexant.
Elle ne souhaitait plus qu'une chose, c'était de rentrer chez elle, au Repère. Ou, si jamais Jace la suivait, se rendre à l'hôtel. Elle avait assez d'argent sur elle pour ça, normalement.
Soudain, des bruits de conversation lui parvinrent du couloir. Elle se redressa et tourna sa tête de côté, levant les yeux pour fixer la poignée.

- As-tu vu Helena ?

C'était une voix au timbre grave, donc masculine et sans aucun doute celle de Jace. En réponse à cette question, une voix féminine s'éleva, celle d'Arwen, qui énuméra un bon nombre des besoins d'une femme avant de conclure en disant qu'elles avaient besoin d'avoir un " espace vital ". La prononciation de ses mots ramena Helena huit ans en arrière, lorsqu'elle étudiait le nazisme et Hitler. Tout semblait alors bien plus simple...

- Merci Arwen... Où est-elle ?

Visiblement, le démon n'avait que faire des conseils de son amie, qui s'avéraient pourtant réalistes et utiles. Un moment de silence suivit la demande du monstre. Puis on toqua à la porte.

- Laisse-moi, je ne veux pas te parler.

La jeune fille se releva - par pure précaution : Jace était bien capable de défoncer la porte - et croisa les bras.

- Je ne veux parler à personne en fait. Donc tu vas partir de devant cette fichue porte et te taire quand je sortirai pour partir de cet endroit maudit.

En fait, elle n'aurait jamais dû venir... Elle ne savait pas ce qui lui avait pris. Elle était folle, voilà tout.

- Laisse-moi, je ne veux pas te parler.

Les mots atteignirent le démon en plein coeur et il tomba à genoux. Il se demanda quel était cette décharge qu'il venait de recevoir.

- Je ne veux parler à personne en fait. Donc tu vas partir de devant cette fichue porte et te taire quand je sortirai pour partir de cet endroit maudit.

- Helena, je t'en prie. Ouvre moi.. Je veux.. Je..

Que voulait il ? Il voulait voir son visage, il voulait s'emparer de ses lèvres et de l'embrasser passionnément. Il la voulait. Il la désirait.

- Helena, je crois que.. Enfin.. Je n'ai jamais ressenti ça au paravent, et je ne comprends pas ce que j'ai. Quand je te vois je.. je.. flanche. J'ai envie de te prendre dans mes bras pour l'éternité. Je crois que je...

Non, les mots ne sortaient pas de sa bouche. Il n'arrivait pas à prononcer ce qu'il ressentait. Alors il s'agenouilla.

- Moi, Jace Wayland, démon opast, fils de Johnatan Wayland jure fidélité à Helena Soaben pour l'éternité, pour le restant de ma vie.

Non ! Que venait il de faire ?! Jace Wayland était un démon ! Il ne fallait pas ! Trop tard. Le pacte était scellé. Le démon ne peut plus faire marche arrière. Il est maintenant l'esclave de la belle et dangereuse chasseuse qui avait capturé son coeur.
Le tatouage qui marquait son appartenance apparut sur son torse, ça représentait un dragon enroulé autour d'un oeuf.
Le démon s'affala, les poings sur le sol. Et dans un murmure ses sentiments parlèrent.

- Je t'aime.

Folle... Mais de quoi ? De nature ? De la chasse ? De lui ? Non...

- Helena, je t'en prie. Ouvre moi... Je veux... Je...

Elle ne voulait rien entendre, elle. La jeune femme ferma fort les yeux.

- Helena, je crois que... Enfin... Je n'ai jamais ressenti ça auparavant, et je ne comprends pas ce que j'ai. Quand je te vois je... je... flanche. J'ai envie de te prendre dans mes bras pour l'éternité. Je crois que je...

Son coeur bondit dans sa poitrine et ses lèvres s'entrouvrirent sous l'effet de la surprise alors même qu'elle rouvrait les yeux. Il voulait la serrer dans ses bras pour l'éternité... Sa voix tremblante d'émotion faisait frissonner Helena de tout son être. L'aimait-il ? L'espoir fou que cela puisse être le cas s'empara d'elle, se manifestant en grosses bouffées de chaleur. Ou peut-être n'était-ce qu'un jeu pour lui ? Une manière de faire cesser cette traque... Elle ne savait pas quoi lui répondre. C'est pourquoi un moment de silence s'ensuivit...

- Moi, Jace Wayland, démon opast, fils de Johnatan Wayland jure fidélité à Helena Soaben pour l'éternité, pour le restant de ma vie.

La jeune fille porta une main à sa bouche, stupéfaite. Il lui jurait fidélité... C'était le seul serment qu'un démon ne pouvait pas briser. Par celui-ci il lui promettait sa protection permanente et se faisait son esclave. Helena pouvait désormais faire de lui ce qu'elle souhaitait... Elle ferma les yeux en rejetant la tête en arrière et soupira.
Puis elle se redressa, déverrouilla la porte et l'ouvrit. Le démon était agenouillé, les poings sur le sol et le front appuyé contre eux.

- Jace...

Alors qu'elle s'apprêtait à se laisser aller, une idée la frappa. Elle pouvait lui demander de se laisser emmener jusqu'au Repère... Elle le regarda, ses cheveux blonds, son regard d'or, ses lèvres, sa mâchoire, son corps... Elle ferma les yeux un instant.

- Relève-toi, souffla-t-elle.

Le démon était figé, il resta là, au sol pendant ce qui lui parut une éternité. Quand soudain la porte s'ouvrit, il n'osa alors pas lever le regard vers son nouveau maître.

- Jace...

Sa voix lui parvint comme un murmure, pour lui ce fut comme si on réanimait un mort, son coeur de pierre prit alors vie.

- Relève toi.

Il releva la tête vers elle. Il était maintenant à sa merci.
Il se releva donc prêt à exécuter n'importe lequel de ses ordres. Maintenant jusqu'à ce qu'elle le libère il ne sera plus que l'ombre de lui même commandé par une femme. Non, en fait il était commandé par la femme qu'il aimait.. Son ennemie. Sans doute allait elle le conduire au repère pour le tuer mais ça lui était égal, il ne voulait que rester près d'elle et la protéger.
Il serra les dents.
Qu'allait elle faire de lui ? Mais qu'est ce qui lui a pris de faire cette foutue promesse ?!
Il soupira. Il pensa à sa liberté. A Arwen. A Helena. A ses parents..

Le beau démon releva la tête vers la jeune femme. Leurs regards se croisèrent - l'espace d'un instant, avant qu'il ne se lève - et Helena fut de nouveau saisie d'hésitation. Lui sauter dans les bras ou lui sauter à la gorge ? Elle était désormais au bord du gouffre. Soit elle sautait pour découvrir se qui s'y cachait en espérant ne jamais atteindre le fond, soit elle s'éloignait du précipice pour retourner à ce qu'elle avait toujours - ou presque - connu. Elle inspira un grand coup puis planta son regard dans celui de son soupirant. Avant de rapidement détourner les yeux. Ça n'était pas de la lâcheté. Simplement, elle avait du mal à rester fixer sur son idée en scrutant ce regard si précieux. Tel un chercheur d'or face à son Eldorado, elle risquait de s'y perdre.

- Tu sais bien que ça n'est pas possible entre nous... Je suis une Chasseuse, et toi un démon. Je... On ne peut pas faire ça.

C'était l'évidence même. Il aurait fallu être totalement fou pour l'ignorer. Si jamais elle avait accepté, chacun d'eux aurait encouru un risque non négligeable. Synh l'aurait probablement chassée de l'Ordre, ou l'aurait sévèrement réprimandée. Quant à Jace, il l'aurait tué, ni plus ni moins. Et Dieu sait que la jeune rousse n'aurait pour rien au monde souhaité le voir mourir par sa faute. Si elle l'amenait, il survivrait. Son maître lui avait dit qu'il souhaitait juste l'interroger et le garder emprisonner ; le tuer aurait déclenché un scandale considérable, une polémique ingérable.
Toutefois, Helena s'en voulait. Elle aurait dû l'arrêter plus tôt, avant qu'il ne lui fasse serment d'allégeance... Désormais, qu'ils le veuillent ou non, ils étaient liés.
La jeune femme ferma les yeux et se passa une main sur le visage.

- Donne-moi tes mains. Synh m'a dit qu'il ne te tuerait pas, se sentit-elle obligée d'ajouter.

Elle tendit une main vers les poignets du démon, récupérant les menottes attachées à sa ceinture de l'autre. Puis elle les lui passa, et les referma.

- Je suis désolée... C'est pour ton bien, notre bien.

Et puis, peut-être qu'elle pourrait lui rendre visite lorsqu'il serait dans sa cellule... Si elle trouvait une excuse valable, Synh la laisserait faire. Il avait confiance en elle... Tout ce qu'elle avait à faire, c'était rester de marbre, ne montrer aucune faille, ne laisser aucun indice. Pareille à une tragédienne, elle jouerait son rôle à merveille.

- Donne-moi tes mains. Synh m'a dit qu'il ne te tuerait pas, se sentit-elle obligée d'ajouter.

Il lui tendit les mains.

- Je suis désolée... C'est pour ton bien, notre bien.

Il venait de se faire piéger à jamais. Il était sous son emprise et n'y pouvait plus rien. Jace Wayland s'était fait arrêté.

- J'irai ou tu voudras.

Mais comment ? Comment une simple humaine qui plus est est son ennemie a pu le rendre aussi vulnérable ?! La terre trembla. Survival Uprising ne tiendrait pas si son fondateur se faisait attraper. Il soupira.

- Pardon. Pardon, Arwen. Ne m'en veux pas.

Il avait senti l'humaine derrière lui, inquiète. Elle les regardait les yeux exorbités.

- Jace..

Mais rien, elle ne pouvait rien faire.

Spoiler:

- J'irai où tu voudras.

Je veux partir très loin...
Helena hocha la tête et souffla un « je sais » attristé. Il y avait des jours où elle aurait aimé pouvoir faire ce que bon lui semblait, ce qu'elle souhaitait. Partir, s'en aller, s'envoler... Et ce jour-là, cette nuit-là, en faisait partie. Elle voulait partir avec Jace, mais pas au Repère. Elle voulait aller très loin. Au Nord, au Sud, à l'Est, à l'Ouest, peu importe. Tout ce qu'elle désirait était d'être avec lui... Elle sentit comme une aiguille s'enfoncer dans son coeur. Tout le monde vantait les biens faits de l'amour, ce sentiment d'allégresse qui vous donnait des ailes, alors pourquoi avait-elle si mal ? Un soupir franchit la barrière de ses lèvres.

- Pardon. Pardon, Arwen. Ne m'en veux pas.

La jeune femme releva la tête et vit la jeune humaine. Elle les fixait d'un air ahuri. Une fois encore, la Chasseuse s'en voulut. Altruiste, faire du mal aux gens n'était pas vraiment son activité favorite. Elle se mordit la lèvre.

- Jace...

- Je suis désolée Arwen, je fais juste mon boulot..., lui répondit Helena à la place de son ami.

Oui, elle faisait son boulot. Comme elle l'avait toujours fait. Bon dieu, pourquoi était-elle tombé amoureuse du démon le plus recherché par les Chasseurs d'Ombres ? Qu'avait-il de plus que n'importe quel autre homme ? Pourquoi était-ce lui qui réveillait en elle tout ce tourbillon d'émotions ?

- Allez, le jour va bientôt se lever, il faut qu'on y aille...

Elle reporta son regard lourd de chagrin sur le démon et serra les dents. Comme il lui était d'usage depuis plus de quinze années, elle feindrait le détachement et l'insouciance. Ces quelques minutes étaient les derniers instants où elle pourrait laisser libre cours à ses sentiments pour Jace Wayland en public.
La jolie rousse saisit la chaîne qui retenait les menottes de sa proie et se dirigea vers la porte de sortie qu'elle ouvrit.

Je veux juste une dernière danse..

Le démon ne protesta pas; il la suivrait dans son ombre et son indifférence. Il ferma les yeux. Il revit son passé, avant Arwen, avant Helena. Il revoyait les corps empilés baignant dans le sang. Des visages maculés de boue figés dans une expression d'effroi. « Ne t'inquiète pas belle enfant, tu ne sentiras rien. » C'est dans un cri aigu que la jeune fille perdit la vie..
Il chassa le souvenir des boucles blondes de la petite Soraya et son regard doré le suppliant de l'épargner.

- Allons y, et finissons en.

Oui, il fallait que ça cesse. Le silence qui régnait parut être une éternité aux yeux du démon, mais finalement autant les y conduire directement, sans effort.
Il prit donc la jeune femme dont il s'était éprit et posa presque ses douces lèvres contre son oreille. Son souffle était chaud et lui murmura.

- Je fais de toi mon essentiel.

Et sur ce chuchotis il disparut avec elle dans une fumée noire.

Arwen restait là, figée. Son meilleur ami venait de se rendre à l'ennemi. Il venait de briser cinq siècles de vie solitaire; cinq siècles de travail pour ne plus rien ressentir et là une femme arrive et tout éclate, comme du verre.

Tant qu'on rêve encore..

Spoiler: