Le passé reste. [Heisuke]

Une femme se tenait devant le portail reliant Survival Uprising&le monde des humains. Sur terre, là où étaient ses semblables. La jeune femme devenait de plus en plus mélancolique. Le temps passait, elle travaillait déjà pour Heisuke Stendorth, un démon, depuis une bonne année. Même si depuis quelques temps les erreurs s’amplifiaient sur son tableau de chasse. Pourtant, elle n'était pas aussi tête en l'air.. Peut être était-ce le fait que le beau démon lui faisait trop d'effet.. ou trop mal. Il était un coureur de jupons et couchait tous les soirs avec une femme différente.. Toutes plus belles que les autres... Elles étaient bien formées et immortelles... Pas comme Arwen. Arwen était petite et très maigre avec de petits seins ronds. Quand elle s'allongeait elle était toute plate. Aucun homme n'aurait envie d'elle. Elle avait bien offert son corps une fois à Heisuke mais.. Peut être était ce pour lui seulement pour jouer..

Arwen Neasden s'était éprise du beau démon des enfers. Elle est tombée amoureuse quand elle a découvert son don, grâce à lui. Eichi Herae, leur ennemi commun, pour se venger de ce que lui a fait Heisuke l'a capturé et torturé. Il est allé jusqu'à lui crever les yeux. Quand Arwen a vu ça elle fut horrifiée et chercha vite de quoi repousser le vampire. Elle lui planta un pieu en bois près du coeur puis sauva son aimé. Elle en fut fière. Elle était humaine et a pu sauver un démon. Elle sourit.

Soudain elle entendit un bruit. Elle ne s'était pas attendue à ce que quelqu'un vienne ici. Ici, personne n'aimait les humains.. Elle se retourna, méfiante.

- Qui est ce ?

Le roi des démons avait à son service bien du personnel. En majorité des femmes, parce qu'il aimait les femmes. Bonne justification, non ? C'était plaisant de pouvoir rentrer chez soi et d'avoir la possibilité de mettre une belle femme dans son lit sans avoir à s'engager. Cela, c'était un défaut qu'il leur trouvait. La gente féminine souhaitait toujours que l'homme leur reste fidèle, qu'il soit compréhensible, attentionné, et cetera, et cetera. Tout ce que Heisuke se refusait à être. Jusque là, tous ses efforts pour remplir ces critères étaient restés vains. Cette petite étincelle de bonheur finissait toujours au fond, au fin fond de son âme. Mais le bonheur d'un homme, c'était après tout une chose bien futile. Futile, et furtive. Il pouvait s'en passer, il pouvait vivre sans. Il l'avait déjà fait alors il ne voyait aucun problème à recommencer.
Enfin, si, il y avait un problème. Une femme. Elles étaient toujours créatrices d'ennuis. Et cette femme, cette femme était la plus grande torture de son âme, et de son coeur. Bon sang, mais qui avait permis qu'elle lui ressemble autant ? Qu'elle ressemble autant à sa défunte bien-aimée ? Si jamais il tombait sur quelques divinités à l'origine de ce crime, il se jura de la tuer, de l'étriper, de la brûler vive. De lui faire payer cette souffrance.
D'ailleurs, il était ici parce qu'il l'avait suivie. Plus tôt dans la soirée, Arwen avait quitté le palais sans le prévenir - sans prévenir personne. La jeune humaine avait suivi la route menant au portail du monde des humains.
Soudain elle apparut devant le regard d'or du démon. Ses longs cheveux blonds tombaient jusqu'au creux de ses reins, et ses yeux semblaient rivés vers le portail de fer forgé. Il était encore à au moins cinquante mètres, caché derrière des arbres, lorsqu'elle fit volte-face.

- Qui est-ce ? s'enquit-elle d'une voix méfiante.

Le démon émergea alors du petit sous-bois et s'avança vers elle, jusqu'à se retrouver à son côté.

- Tu ne me reconnais donc plus ? sourit-il.

Le grand portail projetait son ombre sur le sol, tandis que le soleil se couchait derrière lui. Pourquoi était-elle ici ? Songeait-elle à quitter Survival Uprising pour retourner sur Terre ?

eDe derrière les arbres sortit le démon auquel elle pensait à l'instant.

- Tu ne me reconnais donc plus ?

Oh bien sûr que si elle le reconnaissait. Elle le reconnaitrait entre mille. Il était beau, ses cheveux noirs de jais et son regard d'or dans lequel elle s'y plongeait et y voyait des centaines d'étincelles brillantes.. Il était attirant, ça oui; elle peut le dire. Mais elle, elle n'était pas assez bien pour lui. Elle aimerait pouvoir savoir qu'il est sien. C'est bien beau de rêver, se disait elle. Elle savait que jamais un être aussi charismatique s'intéresserait à une humaine comme elle. C'est pour ça qu'elle avait voulu retourner sur terre parmi les siens. Peut être que là elle trouverait un homme qui l'aimerait pour ce qu'elle est. Et là, oublier le beau démon. Même Jace a d'autres priorités qu'elle. D'ailleurs, elle a l'impression de n'être devenue qu'une pauvre fille à son service depuis quelques temps; elle allait&venait, cherchant les moindres défauts de Survival. La dernière fois qu'ils se sont vus ils ont bu un verre d'une liqueur faite maison, mais c'est tout. Après le verre, Jace lui dit qu'il avait à faire et partit dans une autre pièce. Autre chose à faire Sans doute avait il trouver encore une belle démone à mettre dans son lit.. Arwen soupira.

- Si, désolée. Je ne savais pas que tu m'avais suivie. Qu'y a t il ?

Allait il lui demander de rester ? Ou bien lui dire bonne débarras.. Après tout, elle ressemblait énorméllement à la femme qu'il avait aimée, cela bloquerait toute forme d'amour pour elle. Elle était un obstacle, une souffrance. Rien d'autre. Une petite larme s'échappa mais elle la rattrapa vite avant qu'il ne voie qu'elle se mettait à pleurer. Peut être entendait il son coeur se broyer..

Elle soupira.

- Si, désolée. Je ne savais pas que tu m'avais suivie. Qu'y a t il ?

- Je me demandais où tu étais passée. Qu'est-ce que tu fais ici ?

Là, il aurait sa réponse. Allait-elle rester ou partir ? Bien sûr,si la deuxième hypothèse se vérifiait, il tenterait de la retenir. Non, il la forcerait à rester. Malgré le fait qu'elle soit la copie conforme de Nihal et qu'elle soit une source perpétuelle de souffrance, il désirait qu'elle reste avec lui. Pour plusieurs raisons.
Celle qu'elle aurait préféré entendre, était la suivante : elle était jolie, intelligente, et d'agréable compagnie.
Mais il y avait aussi un aspect plus... diplomatique, politique. Étant donné qu'elle était la meilleure amie de Jace Wayland, il avait une certaine "immunité" face à la colère et la haine que le démon ressentait pour lui. Certes, elle était bien faible. Mais puisqu'Arwen semblait avoir des sentiments pour lui, peut-être éviterait-il de trop lui nuire pour préserver son amitié avec elle ? Même si les démons n'étaient pas très sentimentaux, Heisuke l'espérait.

- Je me demandais où tu étais passée. Qu'est-ce que tu fais ici ?

Ce qu'elle fait ici ? Elle réfléchissait. Elle réfléchissait à ce qu'elle allait faire, partir et laisser Jace, Heisuke.. ? Ou rester et faire encore plus d'erreur et être traitée comme une moins que rien.

- Je me demandais si il fallait que je parte, ou pas.

Oui, il le fallait. Tout le monde se porterait mieux sans la petite humaine qu'il faut occuper, nourrir, héberger, soigner... Plaindre.. Arwen avait était seule pendant si longtemps, enfermée dans le noir en priant pour que cette fois, les hommes ou les femmes ne soient pas brutales. Elle se sentait comme un jouet, quelque chose qu'on utilise à ses heures perdues, et là, elle se sent encore comme ça. Elle aimerait qu'Heisuke lui demande de rester, mais c'était improbable.. Même dans ses rêves les plus fous.

Elle se tourna vers le portail et avança. Il était grand et doré. La porte était en verre. C'était beau. Elle le regarda.

- Tu sais, j'ai apprécié les quelques bons moments qu'on a passés ensemble.

- Je me demandais s'il fallait que je parte, ou pas.

Heisuke posa son regard sur elle. Pour une fois, il n'était ni moqueur, ni sournois, ni même pervers ou cruel. Il paraissait même plutôt doux, presque compréhensif.

- Je vois. Et donc, qu'as-tu décidé ?

Arwen ne lui répondit pas tout de suite. Elle se détourna de lui pour se diriger vers l'immense portail de verre aux gonds d'or. Elle partait... La jeune humaine reposa son regard sur lui.

- Tu sais, j'ai apprécié les quelques bons moments qu'on a passés ensemble.

Oui, elle part..., se dit-il. Il laissa échapper un soupir et baissa la tête. Que devait-il lui dire ? Que faire pour la retenir ? Comment faire ? Le démon releva la tête, récupérant son allure fière. Il marcha jusqu'à elle et la saisit par la taille pour la ramener contre lui. Non, ça n'était pas honnête, parce que ça n'était pas réellement affectueux, mais il s'en moquait. Il voulait qu'elle reste. En fin stratège, il jouait avec ses points faibles.

- Ça pourrait continuer, Arwen. Si tu restais.

Il lui sourit doucement avant de reprendre :

- Et puis, pourquoi partirais-tu ? Tu as tout pour toi ici. Un logis, de la nourriture, des amis... Que demander de plus ?

Sa voix était suave, et il susurrait. Bien sûr qu'elle n'avait pas tout ce qu'elle désirait. Elle le voulait lui. Lui, tout son corps, et toute son âme. Heisuke se pencha vers elle et effleura doucement ses lèvres.

- Reste.

Dans ce mot qui n'était qu'un murmure, il mit toute l'intensité persuasive dont il était capable. Il fallait qu'elle reste, cette humaine.

Le démon s'approcha et prit la jeune femme par la taille. Ce n'était pas du jeu, il savait qu'elle avait un faible pour lui&jouait avec.

- Ça pourrait continuer, Arwen. Si tu restais.

Il sourit et reprit.

- Et puis, pourquoi partirais-tu ? Tu as tout pour toi ici. Un logis, de la nourriture, des amis... Que demander de plus ?

Il susurrait de sa voix suave. Le corps humain d'Arwen battait si fort.. Il se pencha et effleura doucement ses lèvres.

- Reste.

Il essayait de la persuadait, mais pourquoi ? Pour la voir souffrir ? Elle souffrait de le voir entrer dans sa chambre tous les soirs et d'entendre les hurlements des femmes qu'il faisait jouir. Il le repoussa brutalement, aussi fort que sa faible ardeur d'humaine lui permettait. Elle le gifla, comme ça. D'un coup sec puis le fixa.

- Pourquoi ?! Pour jouer avec moi ? Cela t'amuse ? Je refuse. Je ne suis pas un jouet ! On a déjà tellement joué avec moi ! Je veux plus ! Je ne veux plus être l'objet de quelqu'un ! Pendant toute mon enfance j'ai supprimé, j'ai prié qu'un prince charmant vienne me sauver de cette cave où j'ai été enfermée si longtemps, jours et nuits, en mangeant des restes et en implorant Dieu de me libérer. Et là.. Et là tu me demandes de rester ? De rester dans un endroit où on considère les humains comme de la nourriture ambulante où des êtres inférieurs? Non. Plus jamais ça.

Elle reprit son souffle et sanglota. Son passé resurgissait. Elle se revoyait crier alors que le fouet lui martelait la joue. Elle entendait encore le rire sinistre de son père, de son horrible père, qui lui disait que jamais elle ne verrait la lumière, qu'elle n'était pas la bienvenue, qu'elle était une erreur de la nature. Oui, une erreur de la nature, pourquoi ? Parce qu'elle était née sans être voulue. Elle n'était pas désirée. Ni par ses parents, ni par les autres habitants de la maison.. Et ni par les villageois, même qu'ils venaient assister à sa torture. Ils riaient et crient "encore!". Elle pleurait sa liberté. Mais ce ne serait qu'un rêve. Et maintenant qu'elle est libre, elle est devenue l'objet de deux démons. Même si Jace lui avait toujours promis de ne rien faire contre son gré il avait plusieurs fois essayé de la mettre dans son lit. Maintenant, elle ne voulait que partir. Partir loin de tout ça.

Elle tenta de le repousser, alors il la lâcha. Mais, malgré cette action qu'on aurait pu juger comme préventive, il ne vit pas venir sa main, qui claqua sur la joue du démon. Du roi des démons. Pour qui se prenait cette humaine ?! Croyait-elle que, parce qu'elle ressemblait à Nihal, tout lui était permis ?! Un grondement sourd monta de la gorge d'Heisuke alors qu'elle commençait sa tirade :

- Pourquoi ?! Pour jouer avec moi ? Cela t'amuse ? Je refuse. Je ne suis pas un jouet ! On a déjà tellement joué avec moi ! Je veux plus ! Je ne veux plus être l'objet de quelqu'un ! Pendant toute mon enfance j'ai supprimé, j'ai prié qu'un prince charmant vienne me sauver de cette cave où j'ai été enfermée si longtemps, jours et nuits, en mangeant des restes et en implorant Dieu de me libérer. Et là... Et là tu me demandes de rester ? De rester dans un endroit où on considère les humains comme de la nourriture ambulante où des êtres inférieurs? Non. Plus jamais ça.

Jusque-là, il avait gardé la tête tournée sur le côté, position que la puissance de la gifle lui avait fait opter. Mais à ce moment, il planta son regard haineux dans celui d'Arwen. La douleur emplissait ses yeux, et un sanglot la secoua. Certes, jouer avec elle était amusant. Heisuke ne pouvait nier ce fait. Mais de là à dire qu'elle n'était qu'un objet...

- Si les humains sont considérés comme tels, c'est parce qu'ils sont incapables de prouver le contraire. Vous êtes des êtres faibles. Vous ne faites rien pour paraître plus forts, plus indépendants. Vous vous confinez dans vos maisons, vous cachez des autres. Pourquoi crois-tu que votre peuple se divise, que certains se rallient à d'autres races, que les Chasseurs d'Ombres existent ? Tout simplement parce que les humains sont incapables de se gérer eux-mêmes.

Il laissa échapper un soupir. Il fallait qu'il se calme, qu'il modère sa hargne.

- Mais toi, n'es-tu pas plus forte que ces hommes et ces femmes ? Tu as la volonté, Arwen. Tu peux prouver aux autres que tu n'es pas aussi faible qu'ils le croient. Tu ne penses pas ? Quant à ton enfance, il ne faut pas mêler le passé au présent. Je ne suis pas tous ces gens, et tu n'es plus cette petite fille.

De sa bouche, cela pouvait paraître absurde. Il comparaît souvent Arwen à Nihal. Mais il s'efforçait quand même d'oublier cette dernière.

Heisuke avait gardé la tête sur le côté sous l'effet de la claque. Arwen s'en était voulu aussitôt, mais elle était trop loin pour reculer, alors elle a continué. Mais là, le démon planta son regard haineux dans ceux de la jeune femme. Elle en au peur.

- Si les humains sont considérés comme tels, c'est parce qu'ils sont incapables de prouver le contraire. Vous êtes des êtres faibles. Vous ne faites rien pour paraître plus forts, plus indépendants. Vous vous confinez dans vos maisons, vous cachez des autres. Pourquoi crois-tu que votre peuple se divise, que certains se rallient à d'autres races, que les Chasseurs d'Ombres existent ? Tout simplement parce que les humains sont incapables de se gérer eux-mêmes.

Il laissa échapper un soupire. Ses paroles avaient eu l'effet d'un retour de gifle pour Arwen. Même si il essaya de se rattraper et de la valoriser, voilà ce qu'il pensait vraiment des humains.

- Mais toi, n'es-tu pas plus forte que ces hommes et ces femmes ? Tu as la volonté, Arwen. Tu peux prouver aux autres que tu n'es pas aussi faible qu'ils le croient. Tu ne penses pas ? Quant à ton enfance, il ne faut pas mêler le passé au présent. Je ne suis pas tous ces gens, et tu n'es plus cette petite fille.

Elle n'avait plus aucune raison de rester. Et son passé reste, sur tout son corps les marques restent. Jamais elle n'oublierait ce qu'elle a subi.

Prouver qu'elle n'est pas faible, mais comment ? Elle est humaine, elle n'est rien. Elle n'a rien. Elle a juste le don de soigner d'un baiser, mais comme si elle allait embrasser tous les vieux bougres qu'elle rencontrait pour les soigner ? Quand même.

- Je n'arrête pas de faire des erreurs au palais. Pourquoi voudrais tu que je reste ? Et si c'est vraiment ce que tu penses des humains...

Elle soupira&se tourna, dos à lui. Elle ne voulait pas qu'il la voie pleurer.

- Je n'arrête pas de faire des erreurs au Palais. Pourquoi voudrais-tu que je reste ? Et si c'est vraiment ce que tu penses des humains...

Elle soupira et fit face au portail, lui tournant le dos. Heisuke inspira un grand coup, puis expira lentement afin de se calmer... Il avança d'un pas, tendit une main vers elle et la pausa sur son épaule.

- Oui. C'est ce que je pense de la plupart des humains. Mais pas de toi.

Quant à ses fautes, elle lui soutenait toujours que ce n'était pas de son initiative... Heisuke hésitait à la croire. Pourquoi quelqu'un s'amuserait-il à lui faire croire qu'Arwen n'était pas faite pour travailler dans son palais ? C'était totalement absurde, et inutile ! Parce que, même s'il s'énervait, se fâchait, il n'avait aucune intention de la renvoyer, en dépit de ses menaces.

- Pour ce qui est de tes erreurs, tu me maintiens toujours que ce n'est pas toi. Alors pourquoi voudrais-tu partir à cause de choses qui ne sont pas de ta faute ?

Le démon la contourna pour se retrouver devant elle, en gardant toujours sa main sur son épaule. Le visage de la jeune humaine était caché par ses cheveux blonds. Mais il devinait entre l'espace créé par ses mèches que des larmes coulaient de ses yeux bleus comme l'océan et dévalaient ses joues pâles. Il laissa échapper un soupir mi-ennuyé, mi-exaspéré.

- Arwen...

Délicatement, le roi prit son visage entre ses mains et le releva afin de plonger son regard dans le sien. L'un exprimait le jour, le soleil et sa chaleur, et l'autre la nuit, le ciel étoilé et sa fraîcheur.

- Allez, ne pleure-pas. Je veux que tu restes ici, alors viens. On va rentrer au Palais.

Quoiqu'elle puisse lire dans ses yeux, elle y verrait aussi de la sincérité. Il voulait vraiment qu'elle reste. Certes, elle n'était qu'une simple humaine, mais elle revêtait une telle importance pour lui...

Le vent se levait. Arwen sentit la main du démon se poser sur son épaule. Elle était chaude&agréable.

- Oui. C'est ce que je pense de la plupart des humains. Mais pas de toi.

Pas d'elle ? Pourquoi le croirait elle ? Il mentait, c'était un démon. Comme Jace.. Il ne voulait même pas la croire quand elle disait que ce n'était pas ses fautes. Elle mettait toujours la table à la même heure, &quand elle s'absentait à son retour tout avait été rangé. Parfois il y avait même des couteaux sales qui trainaient sur la table. Pourtant elle savait ce qu'elle faisait, non ? Elle voulait faire bien, alors pourquoi ne la croyait il pas ?

- Pour ce qui est de tes erreurs, tu me maintiens toujours que ce n'est pas toi. Alors pourquoi voudrais-tu partir à cause de choses qui ne sont pas de ta faute ?

- Tu ne me crois même pas.

Heisuke la força à se tourner face à lui. Elle croisa les bras sur sa poitrine&baissa la tête. Ses cheveux lui tombaient devant les yeux. Elle pleurait. Pleurer, c'est être faible disait Jace. Alors Arwen était faible; oui. Elle était humaine&n'y pouvait rien. Le démon laissa échapper un soupir mi-ennuyé, mi-exaspéré.

- Arwen...

Il prit son visage entre ses mains, doucement, et le releva pour la regarder dans les yeux. Elle y lisait de la sincérité..

- Allez, ne pleure-pas. Je veux que tu restes ici, alors viens. On va rentrer au Palais.

Mais pourquoi ? Elle ne comprenait pas ce qu'elle était pour lui, elle savait juste qu'elle Lui ressemblait.. C'était sans doute ça, alors... Elle était une figurante.. L'était elle vraiment ? Alors elle osa poser sa question.

- Qui.. Qui suis-je, pour toi ?

Elle continua de fixer son regard. Elle aimait son regard, même si il était froid&perdu. Elle l'avait souvent vu perdu dans les nuages..

Le vent fit voler les cheveux du démon et souleva l'arrière de son tee-shirt. Il frissonna. Le souffle du nord était froid. Il aurait voulu sécher les larmes de la jeune blonde, la serrer contre lui, et peut-être même l'embrasser, mais des souvenirs douloureux le freinèrent dans son élan. Un corps froid, des larmes brûlantes, des lèvres sèches... Nihal.

- Qui... Qui suis-je, pour toi ?

La question fit frémir Heisuke. Qu'était-elle, au juste ? Une simple humaine ? Non, sinon, il n'aurait pas tant de mal à s'en séparer. Une femme ? Oui, mais elle réveillait en lui un désir qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps... Le sosie de Nihal ? Oui, et c'était pour ça qu'il souhaitait la voir disparaître, et aussi la garder. Que pouvait-il lui répondre ? Il choisit ses mots précautionneusement avant de parler.

- Qui es-tu pour moi ? Une femme... magnifique. Mais tu es aussi une contrainte pour moi, tu en es consciente... Je ne sais pas vraiment ce que je ressens pour toi, mes sentiments sont contradictoires, mais... Je t'apprécies vraiment, Arwen, sache-le. Et c'est pour ça que je veux que tu restes.

C'était un demi-mensonge, oui... Ce n'était pas totalement pour ça qu'il voulait qu'elle reste. Il y avait d'autres enjeux moins personnels... Mais d'un autre côté, il disait vrai, il ne mentait pas. Il ne faisait que lui cacher une partie de la vérité.
Il se trouvait bien clément. Elle était à son service, sous son autorité. Il aurait pu lui ordonner de rester ici. Et là, il lui laissait le choix... Cette femme finirait par le rendre malade, il en était sûr.

- Allez, s'il te plait. Tu auras tout le temps de continuer d'y réfléchir au Palais. Il commence à faire froid ici, non ?

Autant changer de sujet. Le démon sentait que cette discussion ne les mènerait à rien, ils ne cesseraient de ressasser les mêmes choses.
La nuit tombait peu à peu, et le vent soufflait de plus en plus fort. Il n'avait pas très froid, mais la jeune femme devait être glacée jusqu'aux os. Heisuke passa un bras autour de ses frêles épaules et fit un pas en avant pour lui signifier une fois de plus qu'il était temps de repartir.

Bien, elle se décidait à le suivre. Il s'en était fallu de peu !
Alors qu'ils allaient quitter cet endroit tentateur pour tout humain, Arwen s'arrêta. Heisuke crut qu'elle allait revenir sur son choix et faire demi-tour ; il se stoppa net. Mais la jeune femme leva son joli minois vers le ciel et s'exclama d'un air ébahi :

- Heisuke, une étoile filante !

Le roi des démons leva son impérieux et royal regard d'or vers le ciel afin de voir cette petite lumière vive et éphémère qui réjouissait tant sa compagne. Mais il ne vit rien d'autre que le ciel bleu nuit, la lune, et ses étoiles blanches et solidement accrochées au manteau céleste.

- On dirait qu'elle est déjà repartie, fit-il remarquer. J'espère que tu as fait un voeu.

Cette dernière phrase ajoutée paraissait tellement simple, tellement bienveillante, tellement... humaine, même dans sa bouche qu'il en fut lui-même surpris. Ce qu'il avait pu avoir d'humanité était parti depuis bien longtemps, tous le savent... Tout cela allait-il refaire surface ? Heisuke n'y pensait pas, mais si jamais il y avait songé, et que ses réflexions s'étaient avérées, il en aurait été très perturbé, et déçu... Pour rien au monde il n'aurait souhaité retrouver ce qu'il avait perdu. De ce côté là, en tout cas.
Il secoua la tête et reprit sa marche vers son palais, plongé dans l'abîme de ses pensées. Peut-être cette étoile filante était-elle un signe non pas bénéfique, mais nuisible ? Peut-être qu'un matin il se réveillerait, et alors il n'y aurait plus Arwen. Elle serait déjà repartie.
Dès lors, que ferait-il ? Tenterait-il de la retrouver ou se verrait-il apaiser de ne plus avoir à porter ce fardeau qui pesait sur sa conscience ? Tout le monde s'attendrait à ce que son coeur lui dicte d'aller la retrouver mais que sa raison l'en empêche. Cependant... Ce n'était pas ce que lui pensait. Son coeur avait trop souffert entre les mains des femmes pour avoir encore envie d'appartenir à l'une d'entre elles. Tandis que sa raison lui soufflerait qu'il ne fallait pas la perdre, parce qu'elle était un atout dans son jeu politique...
Le sol sec de cet fin d'été craquait sous ses pas, l'herbe bruissait doucement au rythme du vent, des cris d'animaux retentissaient plus loin, dans la forêt, et quelques grillons réchauffés chantaient, berçant les êtres endormis de leur douce mélopée estivale. Bientôt, cette ambiance tranquille laisserait place à l'automne, sa pluie et ses couleurs vives, puis aux feux de l'hiver et à son vent du nord.

Proposition :